La vie qui vaut la peine
Après avoir lu, que dis-je ? Dévoré « Sa majesté des mouches » (William Golding), il m’avait semblé que vivre sur une île était une riche idée.
Les bonnes raisons de le faire sont multiples mais la principale est que : sur une île, cet espace clos un peu particulier, l’essentiel est la seule réalité. L’horizon porte en lui sa charge de rêves sans pour autant nous faire oublier le cocon rassurant de l’île. A la fois cerné et libre. Paradoxe du joueur de go dirons-nous. Pour les gens du continent, la terre là-bas, au milieu des eaux, est souvent délaissée car « ce qui se passe sur une île regarde les iliens », mais à intervalles réguliers on en parle. Afin de donner un peu de lustre aux itératives chroniques qui nous abreuvent, pauvres vermisseaux téléphages.
Avec les poils qui poussent et les responsabilités que la vie en société nous impose, l’idée de vivre sur une terre émergée s’est éloignée jusqu’à n’être qu’un lointain souvenir. Un média, en manque de sujet, m’a rafraichi la mémoire en me rappelant la possibilité d’une île (rien à voir avec l’ouvrage qui porte ce titre, quoiqu’il soit toujours possible de trouver des similitudes en toute chose, mais si vous devez lire un « truc de Houellebecq » pour briller en société, cestuy-là est plutôt pas mal).
Le média en question a commis un reportage bien ficelé sur l’île d’ Okinawa dont la population regorge de centenaires. Tant mieux pour eux, tant pis pour moi, me suis-je dis de prime abord avant de me poser la question :
comment est-ce possible ?
Écoutant attentivement ce que ces vieilles gens disaient tout en les observant non moins attentivement, force me fut de constater qu’ils avaient l’air heureux « ben aise » comme on dit par ici. L’autre question :
comment font-ils ?
Ne tarda pas parce que la coutume bien de chez nous qui consiste à mettre en avant notre art de vivre, nous a auto-persuadés qu’ailleurs ils ne savent pas trop bien faire. Nous sommes aussi les chantres du savoir-vivre et de toutes les assertions à la con qui vont avec. Un pet hédoniste et le reste en laisser-aller. Sniff, nous ne sommes pas si forts. Pour de vrai.
Alors je me suis renseigné sur cette île où la joie perdure plus longtemps dans la bonne humeur et la sérénité. Comme nous vivons au pays des crampes d’estomac, des panses trop pleines et des épicuriens bourrés en fin de repas du dimanche, la plupart des ouvrages sur Okinawa parlent de bouffe.
Un peu réducteur mon petit bonhomme !
Alors, comme tout bon fossoyeur de lieux communs, j’ai creusé et découvert que cette île avait vu naître « L’ikigaï ».
Rapidement (votre curiosité va vous inciter à vous documenter) je traduirais l’ikigaï par « raison d’être ». Beaucoup de Japonais pensent que chaque personne doit trouver un sens à sa vie et possède en elle, son ikigaï. Une façon de philosopher sa vie de manière évolutive sans jamais oublier la bonne raison pour se lever chaque matin. L’ikigaï, c’est un mode d’emploi qui vous est propre, qui conjugue passion, mission, vocation, profession en se trouvant à l’épicentre. Les résultats sont, à l’évidence, plus que probants. Moins de stress, une vie en communauté harmonieuse, une nourriture intelligente et la participation de tous à la vie.
Très intéressant. Passionnant même.
Merci !
Très sympa, on te prend un billet pour Okinawa ? Tu seras beau en centenaire – ikigaï. 👘