N’y voyez pas malice
Comme tout gros lecteur (j’entends au sens figuré…quoique !), je cherche dans les rayons et, bien entendu, je trouve. Mais parfois, c’est la surprise de l’aventurier en quête de trésors de lignes, j’ai comme l’impression que ce sont les auteurs qui me trouvent, jettent leur dévolu sur moi, qu’il m’est difficile de me libérer de leur emprise sans acquérir leur petit préféré, leur fierté et ainsi de suite.
En voilà quatre qui m’ont piégé. Parce que aucun d’eux ne m’a déçu, je vous les recommande chaudement.
Mathieu Simon m’a laissé sur mon séant. Malgré sa jeunesse (éternelle chez un poète, cela va de soi), il possède un style autant mature que grave tout en badinant avec légèreté (cette phrase est inspirée d’un propos artistique lu récemment mais en plus explicite. Je n’ai pas osé une absconse démarche qui m’eut discréditée auprès de mes quelques fidèles).
Avec « En ce continent noir »
la poésie poursuit son chemin, comme une ronde animale, un mouvement perpétuel. Je m’en réjouis. Son éclat me fait oublier des lectures ennuyeuses, il gomme les versificateurs et autres rimailleurs qui encombrent le papier en y semant des phrases ampoulées chargées de lieux communs. Restons justes cependant, il vaut mieux quelques rimes creuses qui évoquent une jolie pensée qu’une paire de coups de poing dans les yeux.
« Tu es au clair de moi, mais d’un autre bois frais, et sans doute une beauté, immonde et jaillissante. »
Mathieu Simon
Ça vaut 14 € aux éditions Frison-Roche
Hagakure
La voie du samouraï autrement dit « la voie du guerrier » (Bushido)
Pour l’Occident, le samouraï est à la fois un psychopathe cruel, sans états d’âme et un homme d’honneur sans peur capable de se transcender jusqu’au sacrifice. Un guerrier quoi !
Toutes les civilisations ont eu les leurs mais l’esprit samouraï est une des formes sacrificielles les plus abouties.
« Hagakure – La sagesse secrète du samouraï » fera de vous un parfait petit soldat avec suffisamment de règles pour faire de vous un spécialiste hautement discipliné. Encore faut-il avoir un seigneur ou à défaut une patrie que vous souhaitez servir jusqu’à la mort et à qui vous obéirez quoiqu’il vous en coûte.
Ça commence très fort dès les premières pages :
« vivre ou mourir, préparez-vous simplement à mourir »
« placer son seigneur au centre de son cœur »
« Un authentique vassal se doit de supporter son seigneur en toutes circonstances, fussent-elles bonnes ou mauvaises, et de renoncer à son intérêt personnel pour servir sa cause »
Et ça continue dans la même veine durant trois cents pages pour nous expliquer comment se comporter.
Moi, j’ai pris du plaisir à me plonger parmi le clan des samouraïs, peut-être pour trouver une forme de grandeur qui m’est étrangère. Loin d’être l’adepte de cet héroïsme aveugle, je dois reconnaître qu’un peu de discipline comme un peu de règles dans ce monde bordélique nous ferait le plus grand bien. Comme le dit mon conseiller : coin, coin !
Pour 18 € chez Budo éditions
LA MARIONNETTE : objet d’histoire, œuvre d’art, objet de civilisation
Comme souvent, je l’ai d’abord feuilleté vite fait et à l’instant où j’allais le reposer tout en me disant « voilà un ouvrage pour Félicité », je me suis arrêté page 51 (peu après page 110).
Impossible alors de ne pas être interloqué quand on vient d’écrire un article sur Libo. Voilà l’histoire ou comment s’alléger de 25 €.
Rien à regretter, l’ouvrage recèle tout plein d’informations et de surprises.
La marionnette est un monde imaginaire qui titille le nôtre, là où ça gratte agréablement. Elle est le reflet sans détour de nos sociétés. Elle les interprète, les grise, s’en gausse, s’accorde autour de sujets fédérateurs pour rire, penser et pleurer ensemble. Ensemble, adverbe qui se meurt…
Ce livre est magnifiquement documenté et s’adresse aux novices comme aux érudits. Les biographies des contributeurs donnent le tournis voire le tournicoti-tournicotons !
25 € L’entretemps éditions
Je ne pouvais pas terminer cette liste sans le travail de Geneviève Liva. Il m’a permis de découvrir Maurice Rollinat. N’étant pas du quartier je ne connaissais pas cet homme… mais j’ai eu honte devant vos mines effarées « comment ? Tu ne connais pas Maurice Rollinat ! » Bon ben ça va comme ça, pas la peine de vous la péter.
Geneviève Liva a réuni dans un ouvrage sympathique quant à sa mise en page, pas cher et facile d’accès des poèmes piochés « Dans les Brandes » et des extraits de « En Errant » phrases d’un solitaire. Le tout s’intitule
« Promenade en Brenne et Poèmes de Maurice Rollinat ».
À recommander quand le temps ne se prête pas à l’exercice pédestre mais que l’esprit souhaite faire quelques pas apaisants.
Un petit 12 € édité par Alexis Chartraire
Hiii.