Good job Bernard
À part celle que je fais pour les courses dans le but de ne pas surconsommer, je n’aime pas les listes ! Mais je n’aime pas non plus les entêtés. Et donc je change d’avis parfois. Surtout quand un mien ami me le conseille. Blast it ! L’amitié doit se prendre au sérieux. Je suis assez exigeant quant à l’emploi de ce mot. Définition d’un ami ; l’homme qui passe à la banque quand il veut emprunter de l’argent.
Le titre « Les 100 qui Restent » m’a d’abord effrayé. Par le passé une voisine qui m’apercevait le nez dans un ouvrage sans image, vautré sur un transat au milieu du jardin, m’avouant son inculture, m’avait demandé quels étaient, à mon avis, les cent livres qu’elle devait lire pour ne pas mourir idiote. Question très mode à l’époque, le coup des cent voyages, des cent bagnoles, des cent édifices et tous ces trucs qu’il faut voir ou connaître pour être un honnête homme. À présent, cela se règle à coup de selfies et basta cosi. Je me souviens de ma réponse à la dame. Je lui avais dit que la lecture était bien autre chose qu’un accès à un savoir ; c’était d’abord une curiosité et donc, qu’une liste était inutile. C’était à elle de déplacer son cerveau dans une médiathèque, de s’imprégner, de choisir au hasard et de découvrir petit à petit l’univers du livre. J’aimerais qu’elle fasse le premier pas car ensuite il me serait plus facile de l’inciter à certaines lectures en tenant compte de ses premières attirances. Rapidement, elle se rendra compte que cent livres, cela ne dure pas assez longtemps pour occuper une vie. Nota Bene : depuis tout ce temps, elle n’a toujours pas ouvert un bouquin !
Revenons à mon aversion pour les listes.
Comme il me faisait de l’œil, j’ai fini par acheter « Les 100 qui Restent » de Bernard Morlino, éditons Ecriture.
100 portraits détaillés et bien ficelés de ceux qui seront encore lus en 2100. Plutôt enchanté par cette liste bien équilibrée, dans le sens où elle n’écarte aucun genre. Il y figure Frédéric Dard qui n’a pas écrit que des San Antonio et dont l’œuvre prolifique donne à boire comme à manger à toutes les sortes de lecteurs ; Simonin bien sûr, le prince de l’argot parfois contesté mais toujours estimé ; Jankélévitch l’auteur incontournable du « Le traité des vertus » digne prolongement de Bergson lui aussi cité (doit-on dire nominé?) ; Boris Vian artiste touche-à-tout, exemple du créateur qui donne un sens à la poésie de vivre quelle que soit la discipline abordée ; Marguerite Yourcenar qui a su changer les mots en or si vous voyez ce que je veux dire et si comme moi, vous avez été touché par la force de cette écriture aussi précise que profonde de sens…


Et ainsi de suite, comptez jusqu’à cent. Bien entendu, c’est subjectif et parfaitement farfelu, inexact pour ne pas dire stupide. Rien ne permet en effet d’affirmer que notre prêt-à-penser sera en 2100 celui de 2025. Tout laisse imaginer le contraire. Il manque ceux qui sont partis au pilon tapis dans l’ombre… numérique, à l’affut d’une reconnaissance post-mortem. Il manque les oubliés du jour, les mal aimés, les endormis…



Tout ça pour dire que le génie attribué à l’un ou à l’autre, suit malgré tout le sens des modes, vit de ses laudateurs, bénéficie d’une bonne couverture médiatique, porte une parole universel bien souvent apprécié du plus grand nombre (ce dernier point n’est peut-être pas un critère de qualité !).
En attendant j’ai révisé mes leçons, lu et relu, découvert quelques lacunes impardonnables et, finalement, trouvé que


