Un pays se lit plus facilement qu’il se « fait »
J’ai toujours eu du mal à comprendre le tourisme qui consiste à « faire » une partie du globe. Dur de comprendre ces curieux voyageurs qui, sans vraiment le découvrir, s’accaparent un pays comme un bien de consommation.
Ainsi quand tu m’as dit (suivez mon regard) « cette année nous allons faire le centre et peut-être le sud de l’Italie parce que, l’année dernière, nous avons fait le nord » ; je dois reconnaître que la formulation m’a estomaqué. Parce qu’en fait, du nord de l’Italie tu ne connais rien ou pas grand-chose. La place Saint Marc et ses pigeons qui défèquent ce n’est pas tout le nord de l’Italie.
En réalité notre désir d’ailleurs est un leurre qui répond davantage au besoin de s’éloigner de… Sinon comment expliquer notre méconnaissance du pays qui nous a vus naître ?
Bref, quel que soit l’endroit « exploré » je crois possible le voyage sous un angle différent. Les tour-opérateurs n’ont pas les mêmes intérêts que vous (n’est-il pas ?). L’âme d’un pays se découvre plus facilement en quelques lignes qu’en quelques échanges commerciaux. Nos lectures forgent notre imaginaire tout en nous indiquant une direction, un point de départ. L’idée que l’on peut avoir d’une contrée étant subjective, la littérature est un bon moyen d’appréhender, de penser, de réfléchir, de ressentir comme là-bas. Dit ! En tout cas un pays se lit plus facilement qu’il se « fait ».
Ainsi l’Italie que je visite pourtant assez souvent m’a apporté avec ses auteurs, l’essentiel de mon savoir sur elle-même. Tout finit par se lier avec les mots. Le verbe invite la pensée. Les phrases explosent parmi nos neurones.
Avant de partir visiter la botte quelques antipasti :
Giovanni Boccace – Le Décaméron (Decameron)
Moderata Fonte – Les mauvais maris (La malvagità dei mariti)
Alessandro Manzoni – Les fiancés (I promessi sposi)
Curzio Malaparte – La peau (La pelle)
Alberto Moravia – Le mépris (Il disprezzo)
En vente partout, suffit de demander ! De toutes les façons, commencer les auteurs italiens, c’est s’attendre à ne jamais en voir la fin.
Après ça, l’architecture, la chère, les gens qui vous parlent une langue inconnue ou mal connue, seront un peu comme des retrouvailles. À vous d’approfondir … ou pas. Si oui, l’Italie vous aura un peu fait et non le contraire.