Alors ? Aimez-vous Brahms ?
Je dois beaucoup à Françoise Sagan. Avec elle je me suis senti capable d’écrire. Écrire tout simplement, tout simplement écrire. Grâce à elle et son « Aimez-vous Brahms ? », j’ai découvert un compositeur d’importance.
Mon environnement de l’époque snobait un peu Brahms, lui préférant les deux intouchables Mozart et Beethoven. Plus facile pour ne pas se tromper et faire le singe en société. On dirait d’ailleurs que la vie, à travers ces différentes représentations, nous invite au manichéisme, nous force au choix. Sinon comment expliquer l’apparition à une même époque ou dans une même discipline, de dualité, à opposer systématiquement. Débile bien sûr. Les différences entre deux individualités probantes sont davantage complémentaires et peu souvent guerrières.
D’autant que contester de manière pacifique est aussi un moyen de trouver un consensus, voire une collaboration fructueuse. En tout cas nécessaire pour ceux d’entre nous qui gardent l’esprit de concorde, histoire de ne pas se foutre sur la gueule à tout propos et quel que soit le sujet.
Est-ce-que Laurel sans Hardy aurait le même intérêt ?
J’ai d’autres exemples pour étayer ce raisonnement un peu tiré par les cheveux (Comme il faut penser aux durs de la feuille – Delon/Belmondo – Senna/Prost – Duras/Yourcenar – Rocard/Mitterrand – etc., etc.…) mais comme je veux conserver mon équilibre mental, je me dois de revenir à mon propos de base.
D’ailleurs je vous pose la question : « et vous ? Aimez-vous Brahms ? »
Sa musique est assez complexe pour une oreille profane mais prolonger l’écoute n’est pas vain. Comme partout la ténacité, la persévérance sont des fruits de satisfaction (des sources pour ceux qui ne croquent plus dans la pomme… pom, pom, pom, pom).
Un temps, à l’ombre du géant Ludwig Van, Johannes prit son temps pour composer sa première symphonie, laquelle fut suivie de trois autres. Il prouva que lui aussi pouvait prendre la lumière.
D’ailleurs dès la première, le chef-d’œuvre est là. Indubitablement. Inspiration admirable, variée, riche en textures musicales Brahms est à la hauteur des grands (dit-on). La musique est pour lui un moyen de subsistance à l’évidence, au fil des portées, elle est devenue un mode d’existence. De ceux qui portent au-delà de nous-mêmes, des routines itératives, du quotidien de la torpeur, des somnolences irréversibles…
J’aurais tendance à devenir dithyrambique en me penchant plus en avant sur sa première symphonie. Voyons, voyons… En ut mineur et quatre mouvements – Allegro énergique, puissant, sophistiqué – Andante aux mélodies douces, bercées par le lyrisme des cordes – Allegretto gracieux, ludique avec bois et pizzicato – Allegro non troppo en feu d’artifice puissant –
Le triomphe est consommé ! justifié ! Encensé !
Le premier coup fut un coup de maître.
Mais, pour finir, après quelques heures d’écoute attentive, les sonates pour piano (notamment la deux et la trois) sont plus adaptés à ma vie d’ouïes. Au demeurant, je suis moins adepte de la musique de chambre (ce qui d’ailleurs, ne lui enlève rien !). En retard de Brahms, j’ai écouté la sonate pour piano numéro trois, plusieurs fois. J’en ai retiré du plaisir, de la joie, de l’émoi, etcetera.
Mais je cause, je cause. Le silence, même en musique a son importance.