C’était avant The Voice
« Reviens mémoire écoute ça… »
Un gars qui écrit quatre cents titres et compose une musique en adéquation, tu te dis que ce n’est pas trop courant mais que cela existe et qu’en cherchant un peu, tu trouves. Qui est donc ce monsieur, dis-tu ? De quelle nationalité ? Quel style ? Où l’ai-je entendu ? Qui sont ses amis ? Des questions, quoi ! Lever le voile. Ne pas savoir quand d’autres savent en te toisant d’un regard goguenard donne à ton orgueil une place plus importante que l’image que tu t’en étais fait. Ainsi va la vie, suivant le sens du vent, on se prête des choses à soi-même que les autres ne voient même pas ! Les cuistres !
Et tant que j’y suis : sacrebleu !
Je t’éclaire.
L’homme est français avec un style qui lui est propre mais je ne connais pas vraiment ses amis. En revanche j’ai été bassiné par un professeur pour le moins insistant, limite persécuteur, nanti d’un côté « je détiens la vérité », avec les amis du gars en question. Il s’agissait de ses contemporains devenus célèbres, les compères Lagarde et Michard y sont pour beaucoup, les sieurs Pierre Ronsard, Joachim du Bellay et Clément Marot. Mais à part quelques beaux textes pour briller en société de retour de voyage ou devant son aimée près d’un rosier, ou bien causer de la capitale avec emphase, de chansons point. Le Monsieur dont je vous parle a sorti quelques tubes aux temps jadis, un peut-être deux ont traversé les siècles et c’est sans conteste le père de la variété. Même pas peur d’être aussi péremptoire ! Avant lui, il y avait bien François Villon à servir des ballades, mais à ce stade, j’évite les commentaires désobligeants.
Car mon héros est à la fois géniteur de paroles et de musiques. Je n’ai certes pas de vidéos pour le prouver mais en son temps les trucs à fredonner, ce n’était pas Byzance. On peut toujours chercher parmi les sept de la Pléiade, pas l’ombre d’un auteur-compositeur parmi ces prétendus copains qui déjà fixaient des règles à leurs modes d’expression. Tant qu’à se prendre au sérieux ! Je prendrais bien un peu de temps pour dire du mal des gens qui collent tout dans des catégories, genres… (comme quoi le marketing, ce n’est pas d’aujourd’hui) mais à quoi bon prendre du temps et s’agacer le tempérament.
Moi, je vous le dis, c’est trop injuste de l’avoir oublié. Non d’une coquille !
Clément Janequin (1485-1558) ? Tout le monde ou presque ignore jusqu’à son existence. Alors vous pensez bien que son œuvre !?
Pourtant conséquente, variée, intéressante, novatrice… souvent novatrice. Certains que je ne nommerais pas ont repiqué ses idées dans différents genres. Sans risque Clément Janequin n’était pas adhérent à la SACEM.
Ses créations comptent beaucoup de psaumes, logique pour un prêtre, mais aussi nombre de chansons dites populaires que n’eussent pas désavoué les créateurs actuels.
Entre humour et poésie, il s’adresse à tous et ses harmonies polyphoniques, véritables petits bijoux pour oreilles délicates ont heureusement traversé le temps. Certains s’en font les laudateurs et les interprètes. À vous d’écouter :
« Le chant des oiseaux »
Je vous inciterais plutôt à consacrer 5 minutes à « La chasse » -🎧 écouter l’audio –
Et si cela vous plaît « La guerre »
Laissez-vous porter, ça se digère très bien, le travail sur la voix est remarquable.
Pour les textes de Clément Janequin, je le concède, certains ont vraiment mal vieilli. Mais il faut dire que le bonhomme a passé 460 ans. D’ailleurs vous remarquerez que question tendance, ce n’est pas tout à fait la Paris Fashion Week .
J’ai découvert assez tard un musicien médiéval. C’était à l’poque où, à la Fnac, on se collait des gros écouteurs noir sur les oreilles, pour écouter le cd de son choix. L’éclate. J’ai frôlé l’extase. Un monsieur étonné de mon bonheur a voulu écouter aussi. Oh… La tête du monsieur…